Mal être en agriculture : visite du coordinateur national dans le Loiret

Carla Mailly, référente mal-être à la MSA Beauce Cœur de Loire, a invité Olivier Damaisin, Coordinateur national interministériel du plan prévention mal-être en agriculture, pour une immersion dans le Loiret au plus près des acteurs et des bénéficiaires de ce plan.

Olivier Damaisin a participé le 6 février à la réunion du Comité chargé de la prévention du mal être agricole piloté par la Direction Départementale des Territoires. Il a ainsi pu échanger avec les différents acteurs quant à la mise en place opérationnelle de ce plan de prévention. Le lendemain, il était reçu par la famille Bezy sur leur exploitation agricole de Nevoy, accompagnés par la MSA : Amédée El Gharbi-Madelaine, sous-directeur, Charlène Boullet, travailleur social et Carla Mailly, référente mal-être.

Thierry Bezy, 60 ans, a repris l’exploitation familiale en 1984, son épouse Marie-Claude, 58 ans l’a rejoint sur l’exploitation en 1994. Le cheptel est alors passé de 30 à 70 vaches laitières, complété d’une activité de culture de céréales et de fourrage pour l’autonomie alimentaire. Les faibles revenus de l’exploitation ne permettent pas un investissement important et toute panne matérielle nécessite des emprunts qui sont difficiles à obtenir.

 

Vivre de son travail et pas des aides

La famille est suivie par la MSA depuis 2017 afin de l’accompagner, notamment pour qu’elle bénéficie de l’ensemble des droits et aides auxquelles elle pourrait prétendre, mais l’éleveur se refuse encore à les demander dans leur intégralité « quand on fait un travail aussi dur et aussi prenant, on doit vivre du fruit de son travail et pas des aides sociales » martèle Thierry. Marie-claude, qui rencontre des difficultés physiques, a tout de même accepté une aide financière partielle pour l’achat du matériel préconisé par le service Prévention des risques professionnels de la MSA, ce qui lui facilite son quotidien auprès des vaches. Une aide au répit lui a été plus que salutaire à la suite d’une table ronde avec différentes structures qui s’était très mal passée « la seule issue qu’on nous préconisait était de cesser notre activité, avec le sentiment d’être mal considérés».

 

« j’avais repris le moral »

Cette aide au répit financée par la MSA lui a permis de partir quelques jours de l’exploitation « j’étais très mal et ce séjour m’a fait énormément de bien, j’étais reposée, j’avais repris le moral et j’étais contente de revenir. Malheureusement nous n’avons pas pu partir tous les deux en raison de difficultés de remplacement sur l’exploitation ».

Le couple n’a pas pris de vacances depuis près de 20 ans « il faut former la personne qui nous remplace, même si nous ne sommes plus sur l’exploitation, la tête y reste, nous n’avons pas l’esprit tranquille » confie Thierry « et puis cela a un coût : le voyage et le salaire de la personne qui nous remplace, ce n’est pas évident financièrement ». Pour autant, la famille avoue être « épatée de tout ce que la MSA a pu déployer pour nous venir en aide ».

Ces difficultés économiques, ces problèmes de santé, ce manque de repos, sont bien connus d’Olivier Damaisin pour être facteur de mal être. Le témoignage émouvant de ces exploitants a mis en lumière les problématiques humaines mais également les obstacles restant à lever pour rendre plus efficientes les mesures du plan national.

Les travailleurs sociaux de la MSA peuvent intervenir auprès de tout exploitant rencontrant des difficultés sociales, familiales, financières et/ou de santé pour mettre en place un accompagnement social (téléphone : 02.37.999.999 ou mail : contactass.grprec@bcl.msa.fr)