Lutter contre le harcèlement

Mis à jour le 25/01/2024

Le 8 décembre 2023, à Saint Florent sur Cher, l’échelon local Champagne Sud a organisé une soirée théâtrale interactive sur le harcèlement. Marie-Josée Nivet, sa Présidente, revient sur les éléments qui ont conduit à cette mobilisation, le volet partenarial de cette action, la démarche de la troupe, la perception de cette soirée par les spectateurs, sans oublier son interpellation des politiques.

Marie-Josée Nivet

Pourquoi avez-vous souhaité organiser cette action ?

Il y a deux ans, nous avons décidé en réunion d’échelon local, d’agir sur le harcèlement. C’était déjà un sujet d’actualité et il l’est encore aujourd’hui avec 20 suicides de jeunes en 3 ans. Au travers de lectures, j’ai découvert que le harcèlement avait des répercussions à l’âge adulte, telles que des déprimes, des burn-out, des suicides bien des années après. C’est donc un problème de santé publique, de santé tout court et la MSA est légitime pour s’emparer de ce sujet

Comment vous êtes-vous organisés ?

Nous nous sommes rapprochés de structures qui pouvaient être confrontées à ce problème et qui souhaitaient agir sur le secteur de St Florent sur Cher. En effet, nous avons reçu un très bon accueil de la Mairie. La responsable du service enfance jeunesse était intéressée dans le cadre du projet éducatif de la commune. Nous avons donc constitué un comité de pilotage qui réunissait les acteurs locaux de la culture, de l’enseignement, du sport, la gendarmerie, etc.

Nous avons dans un premier temps réalisé un point de situation sur les actions menées individuellement par chacun, sur la manière dont ils abordaient le sujet, sur les problèmes qu’ils rencontraient.

Quelles actions avaient déjà été menées ?

Le film belge « « Un monde » qui aborde le harcèlement scolaire vu à hauteur d’enfant a été diffusé au centre culturel de Saint-Florent-sur-Cher. Trois séances ont permis à 150 collégiens de le visionner.

Un après-midi sportif avec un match de foot a été l’occasion de sensibiliser les jeunes aux violences dans le sport avec l’installation de roll-up et distribution de flyers.

L’école primaire a abordé le harcèlement au travers d’une exposition de dessins réalisés par les élèves qui ont également écrit des chansons avant de les interpréter.

Ces premiers échanges ont été la base d’idées d’actions que les membres du Comité souhaitaient mettre en place de manière collective avec l’appui des élus de la MSA, avec la volonté de les déployer, de façon agréable et plaisante, afin de toucher le plus grand nombre. L’action de la soirée théâtrale a ainsi été retenue.

Qu’attendiez-vous de la soirée ?

Que les spectateurs prennent conscience de ce qu’est le harcèlement. Beaucoup de personnes ne se rendent pas compte de la violence du harcèlement actuel et pensent que « ce n’est pas grave ». Si, le harcèlement c’est grave, il conduit des jeunes à se suicider. La pièce de théâtre « bouches cousues » montre le harcèlement tel que cela se passe parmi les jeunes. La troupe a travaillé avec les écoles, les associations et mené des recherches afin d’identifier la réalité tant du côté du harcelé que du harceleur. La pièce met en lumière ce qui se passe dans la société actuelle. Elle est le reflet de ce que les jeunes vivent, comment ils la perçoivent et réagissent.

Le public était-il au rendez-vous et comment ont-ils accueillis cette action ?

Plus de 200 personnes étaient présentes, en majorité des parents d’élèves venus avec leurs enfants. Le principe de notre soirée théâtrale est, à la fin de la pièce, de proposer au public de réagir sur ce qu’il a vu, de monter sur scène pour proposer et jouer avec les acteurs un autre scénario. Le public a bien participé et des personnes sont montées sur scène.

Sur les 60 personnes qui ont répondu au questionnaire, 58 ont indiqué avoir découvert la réalité du harcèlement avec son prolongement sur les réseaux sociaux.

Les familles avaient la possibilité de rencontrer à l’issue de la pièce les partenaires présents, les responsables d’associations qui traitent de la violence sur Bourges et Vierzon. Ils ont présenté ce qu’ils sont en mesure de proposer pour aider les familles, aider les jeunes, donner des informations, les lieux où s’adresser en cas de harcèlement.

Et maintenant, quelle va être la suite ?

Nous le déciderons lors de la prochaine réunion du comité de pilotage au cours duquel nous réaliserons le bilan de cette soirée. Il nous a fallu près de deux ans pour déployer cette action mais c’était nécessaire. Ce travail a un coût et nous avons fait tout notre possible pour que le public soit au rendez-vous, et il l’était ! Nous avons invité largement les politiques de la région, et même Emmanuel Macron. Même s’ils ne sont pas venus, Il était nécessaire de les informer de ce que l’on fait, de les interpeller en leur faisant prendre conscience que c’est un sujet sérieux qui mobilise dans les campagnes et que l’on peut faire bouger les choses tous ensemble.